Le ministère russe des Affaires étrangères critique l’idée américaine d’expulser les Russes de la LNH

Ce qui a été rapporté

Le ministère russe des Affaires étrangères a vivement démenti les informations selon lesquelles l’administration Biden aurait envisagé d’expulser des joueurs de hockey russes de la Ligue nationale de hockey (LNH) dans le cadre d’une stratégie visant à faire pression sur Moscou lors de négociations d’échange de prisonniers aux enjeux importants. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a condamné cette suggestion avec véhémence.

« Ces personnalités resteront dans l’histoire comme des individus à la conscience pervertie.» Ses propos reflètent la position de Moscou, qui considère que de telles propositions constituent une politisation du sport et une tentative de punir les athlètes ordinaires pour des différends géopolitiques.

Ce qui a été rapporté

Selon le Wall Street Journal, l’idée a émergé en août 2024, avant un important échange de prisonniers entre les États-Unis et la Russie. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, aurait évoqué l’expulsion de tous les joueurs russes de la LNH. Cette initiative a été envisagée comme un moyen de pression pour faire pression sur la Russie afin qu’elle libère les citoyens américains détenus dans les prisons russes. L’idée n’a finalement pas été retenue, mais sa révélation a alimenté le débat sur la longueur des négociations géopolitiques que les gouvernements pourraient envisager. L’expulsion de joueurs russes aurait eu des conséquences dévastatrices sur la LNH : Plus de 40 joueurs russes sont actifs au sein de différentes franchises.  Parmi eux : Alexander Ovechkin (Capitals de Washington) – l’une des plus grandes vedettes de la ligue et futur membre du Temple de la renommée.

Artemi Panarin (Rangers de New York) – un joueur étoile invétéré. Andrei Vasilevskiy (Lightning de Tampa Bay) – gardien de but d’élite, plusieurs Coupes Stanley. Kirill Kaprizov (Wild du Minnesota) – le visage de la franchise. Le retrait de ces joueurs aurait non seulement perturbé la compétition, mais aussi porté atteinte à l’image de marque et aux partenariats commerciaux de la LNH à l’échelle mondiale, notamment en Europe et en Asie. Si cette politique avait été appliquée, on aurait pu s’attendre à une forte réaction négative : Association des joueurs de la LNH (AJLNH) : Elle aurait très certainement condamné cette mesure, la jugeant discriminatoire et préjudiciable aux joueurs n’ayant aucun rôle direct en politique.

Pourquoi cela n'a pas eu lieu

Franchises de la LNH : La perte de joueurs vedettes russes aurait affaibli les équipes sur le plan compétitif et financier, en particulier des clubs comme Washington ou Minnesota qui font largement la promotion de leurs talents russes. Supporters : La réputation de la LNH en tant que ligue mondiale aurait été ternie, ce qui aurait aliéné les supporters internationaux. L’idée d’utiliser les athlètes comme monnaie d’échange n’est pas nouvelle, mais le scénario de la LNH illustre l’ampleur que pourrait prendre la politisation du sport : Échos de la Guerre froide : les athlètes soviétiques et américains se sont souvent retrouvés au cœur de batailles idéologiques, comme lors des boycotts des Jeux olympiques de 1980 (Moscou) et de 1984 (Los Angeles).

Exemples récents : des équipes et des athlètes russes ont été bannis des compétitions internationales suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022, avec notamment des restrictions et des interdictions olympiques en football et en athlétisme. Point fort : Contrairement aux interdictions imposées par les fédérations, cette proposition aurait ciblé les Russes déjà employés aux États-Unis, brouillant ainsi la frontière entre diplomatie et ligues professionnelles nationales. Plusieurs raisons expliquent pourquoi cette idée n’a probablement jamais dépassé le stade des discussions internes : Obstacles juridiques : L’expulsion de personnes disposant de contrats valides aurait été contestée en vertu du droit du travail et de l’immigration. Répercussions économiques : La LNH, les équipes et les sponsors auraient subi des pertes financières. Optique politique : Punir les athlètes aurait pu être perçu comme une atteinte à la libre entreprise et aux droits individuels, sapant ainsi le soft power américain. Risques diplomatiques : La Russie aurait probablement riposté par ses propres interdictions ou par une escalade de la violence.

Pourquoi cela n’a pas eu lieu

La réaction furieuse du ministère russe des Affaires étrangères témoigne de la sensibilité du sujet. Si le projet d’expulsion de la LNH n’a jamais été mis en œuvre, sa simple considération illustre l’intersection entre sport, politique et diplomatie dans le monde d’aujourd’hui.

Pour la LNH, cette histoire rappelle la vulnérabilité des ligues mondiales lorsqu’elles sont prises dans des conflits internationaux. Pour les joueurs, elle souligne la réalité : même dans le sport professionnel, la géopolitique peut s’immiscer dans les vestiaires. Comme le suggèrent les propos acerbes de Zakharova, cet épisode restera dans les mémoires moins pour ce qui s’est passé que pour ce qui a failli se produire – un scénario qui aurait profondément transformé le hockey des deux côtés de l’Atlantique.

Joe Biden